jeudi 13 octobre 2016

André Bellon - Je me presse de rire de tout...

André Bellon se sent amer, et il y a de quoi, à constater ces écuries d'Augias hyper-survitaminées que sont les primaires à la "présidentielle". Si on vous disait qu'il s'agit de chamailleries de maternelle, vous ne tiqueriez pas. Or il s'agit de tout autre chose : rien moins que de la façon dont des professionnels de la profession politique (et de rien d'autre, soulignons-le) renchérissent "Moi, m'sieu, moi, m'sieu", ou "c'est lui qui...." ou des onomatopées et des vocabulaires plus scabreux.  Ils portent cravate, gilet, costume trois pièces, voire queue de pie, gants et haut de forme. Ils roulent limousine ou falcon, voire la taille au-dessus encore.  Pour eux nous sommes les sans-dents. Nous n'existons pas. "On ne respecte pas un indien sans ses plumes !".

Cependant, ce sont les mêmes qui ont la prétention de décider de notre sort pendant cinq ans, avec interdiction - ou c'est tout comme - de l'ouvrir, si nous ne sommes pas contents. Or, vu leur manière de voir les choses, nous ne pouvons pas être contents.

André Bellon se sent amer, et le dit. Passons-lui la parole.

Jean-Claude Cousin – cercle de Nantes


-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-


… de peur d’être obligé d’en pleurer.

La présidentielle dans la joie

Il faut reconnaitre que les « primaires » ont quelque chose de merveilleux. On aurait beaucoup perdu à s’en passer.

Soyons sérieux ! Ce processus favorise-t-il quelque peu l’élévation du débat public et la clarification des différends politiques ? Qu’on en juge ci-après.

Voilà des électeurs de gauche prêts à aller voter à la « primaire de droite » pour Alain Juppé contre lequel ils manifestaient violemment autrefois. Qu’on ne s’émeuve pas de cette contradiction politique ! Il s’agit en fait d’empêcher la désignation de Nicolas Sarkozy contre lequel les électeurs ont voté François Hollande en 2012. Mais, par ailleurs, certains pensent que la direction du PS verrait dans la désignation de l’ancien président le meilleur moyen de reconduire l’actuel. De son côté, Juppé fait appel aux électeurs de la gauche qu’il veut battre à la présidentielle, justement pour battre Sarkozy dont il fut d’ailleurs membre du gouvernement. François Fillon, qui avait réussi l’exploit de mettre des millions de personnes dans la rue contre sa réforme des retraites, fait également appel aux électeurs de gauche pour vaincre Sarkozy dont il fut premier ministre. Notons au passage qu’un coup d’œil, même furtif, aux programmes de tous ces candidats remplirait d’effroi l’électeur de gauche le moins radical. Les électeurs de gauche veulent-ils vraiment choisir celui qui leur tapera dessus au lendemain de l’élection ?

Ces manœuvres et raisonnements alambiqués nous remplissent d’impatience : vivement la « primaire de gauche » ! Peut-être les électeurs des partis de droite s’y immisceront-ils à leur tour pour choisir leur adversaire à la présidentielle…

Et on nous disait que les primaires allaient clarifier et démocratiser la vie politique en France. Une chatte n’y retrouverait pas ses petits.

Pourquoi ne pas se rendre à l’évidence ? Même avec des modifications de procédure, la présidentielle de 2017 n’est pas la solution à nos soucis mais le problème ! Remplaçons-la par l’élection d’une Constituante. Elle seule peut clarifier le débat sur les institutions et leur redonner valeur démocratique.


Amitiés

André Bellon

mercredi 5 octobre 2016

Face à la présidentielle, La Constituante, NOTRE AVENIR

 
La Constituante face à la présidentielle






Nous appelons à remplacer la Présidentielle par l'élection d'une Constituante

L’Association pour une Constituante est parfois confrontée à cette question : pourquoi refuser de passer par l’élection présidentielle pour imposer la Constituante ?

Nous récusons en effet cette idée. Selon nous, les deux objectifs se contredisent. C’est pourquoi nous appelons à remplacer la Présidentielle par l’élection d’une Constituante, manière symbolique de se libérer de l’obsession présidentielle, pilier de nos institutions et poison pour la démocratie.

Nos explications se sont heurtées au militantisme fermé des thuriféraires de tel ou tel candidat censé porter les changements institutionnels nécessaires. Ce qui est intéressant -et très révélateur de la logique présidentielle-, c’est le ton employé : interjections comminatoires, plus ou moins méprisantes et peu caractéristiques d’esprits ouverts au dialogue. Je cite : « Ne vous en déplaise, pour passer à la 6ème république il faut en passer par les règles de la 5ème ; dépensez votre énergie à ça plutôt qu’à des plans fumeux qui n’aboutiront jamais…. Attendez-vous des martiens pour nous obliger à mettre la Constituante en place ? » De telles méthodes ont pour objet de clore tout débat avant même qu’il ne commence. Habile !





Un candidat à la présidentielle peut-il faire gagner la Constituante ?

Nous ne prenons jamais position sur les propositions électorales et les candidatures quelles qu’elles soient. Mais discutons sur la seule question qui nous importe : un candidat à la présidentielle peut-il faire gagner la Constituante ?

Certes, l’idée de Constituante a fait son chemin depuis le referendum de 2005, date à laquelle nous avons lancé cette idée. Elle court aujourd’hui parmi les candidats, certains l’incluant dans leur programme comme un élément parmi d’autres, d’autres moins médiatiques semblant souhaiter limiter leur campagne à ce seul objectif. Ce n’est pas par purisme que nous n’adhérons pas à ces tentatives.





Une démarche par définition transpartisane et rassembleuse telle que celle de la Constituante ne peut s’accommoder de la logique de la compétition présidentielle.

L’élection présidentielle n’est pas faite pour cela. Elle insère par nature le candidat dans un combat de personnes et de programmes. Elle est d’ailleurs de plus en plus, s’éloignant de ses origines, un combat entre représentants de partis, surtout par le biais des primaires. Le candidat, quel qu’il soit, ne peut donc être celui du rassemblement pour la reconstitution du peuple que nécessite la naissance d’une Assemblée constituante. Une démarche par définition transpartisane et rassembleuse telle que celle de la Constituante ne peut s’accommoder de la logique de la compétition présidentielle.





[La Constituante] portée par un candidat à la présidentielle, verrait son influence limitée au résultat de celui-ci.
La Constituante doit être, en effet, celle du peuple français tout entier, pas d’une fraction, qu’elle soit de gauche ou de droite. Elle n’a pas de couleur politique et n’appartient à aucun parti, à aucune personnalité. Qu’on le veuille ou pas, portée par un candidat à la présidentielle, elle verrait son influence limitée au résultat de celui-ci.




Elle doit être construite par les citoyens en même temps qu’elle construit les citoyens

Nous pensons au contraire que l’objectif de la Constituante ne trouve son sens qu’en dehors des futilités ou manœuvres de la vie politicienne. Elle ne peut être octroyée, quelles que soient les qualités des candidats qui en parlent. Elle doit être construite par les citoyens en même temps qu’elle construit les citoyens. Pour sa part, la présidentielle, élection particulièrement aliénante, ne peut rebâtir la citoyenneté. La logique du scrutin présidentiel est destructrice de la liberté de pensée et de l’émancipation des citoyens. Les injonctions des partisans de tel ou tel candidat confirment d’ailleurs l’esprit d’embrigadement et de soumission à un sauveur providentiel, totalement antinomique, à nos yeux, de la Constituante.




[la pétition] ne cible personne en particulier mais un système tout entier.

La pétition https://www.change.org/p/citoyennes-et-citoyens-de-france-présidentielle-non-constituante-oui appelant à remplacer la présidentielle par l’élection en France d’une Assemblée constituante vise à interroger les citoyens sur un scrutin qui les infantilise. A ce titre, elle ne cible personne en particulier mais un système tout entier. Elle est un outil proposé aux citoyens dans leur marche vers la libération hors d’un système oppressif et de moins en moins démocratique. Elle est un instrument d’agrégation de leurs aspirations, aspirations concrétisées dans la collecte des cahiers d’exigences dans le cadre du mouvement des Communes citoyennes (www.communes-citoyennes.fr/). Elle est une étape dans la reconstruction du peuple souverain, sans heurts ni violences et hors de toute allégeance.
 
La liberté ne se conquiert pas par des instruments qui brident la liberté.


André Bellon
Polytechnicien, ancien président de la Commission
des Affaires Étrangères à l'Assemblée Nationale
contributeur régulier au Monde Diplomatique